mardi 29 septembre 2009

Ressortie : Pas d'orchidées pour Miss Blandish


Kansas City, 1931 : trois gangsters enlèvent une riche héritière, Miss Blandish, et la séquestrent. Ils sont éliminés par le gang Grissom. La fille est enfermée chez Ma Grissom, la chef du gang qui compte s'en débarrasser une fois la rançon perçue. Mais son fils, Slim, en tombe amoureux...

Robert Aldrich fait partie des ces réalisateurs qui en leur temps n'étaient pas considérés comme majeurs. Ils ne faisaient pas partie de la "A List " car ils naviguaient dans différents genres sans forcément les marquer d'une empreinte indélébile. Avant de réaliser cette série B beaucoup plus trouble qu'il n'y paraît, Aldrich était l'auteur d'un classique du film noir En quatrième vitesse, d'un film de guerre "burné" Les 12 salopards, et d'un face à face tragique entre Bette Davis et Joanne Croawford Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? Et au milieu, pas mal d'œuvres oubliées.

Saluons tout d'abord la pertinence des distributeurs français d'avoir garder le titre original du roman de James Hadley Chase dont le film s'inspire. Il n'est nullement question d'orchidées mais le titre, une petite merveille littéraire, renvoie bien au calvaire de Miss Blandish. Battue sauvagement par la chef du gang (formidable Iren Dailey), lorgnée par ses membres et harcelée par le fils Slim, la jeune fille n'en n'est pas pour autant une victime. Aldrich la montre rebelle, arrogante et manipulatrice. Mais elle est surtout délaissée par son propre père, un milliardaire distant et peu préoccupé par le destin de sa fille.

De manière inattendue, Aldrich, dans un monde où la cupidité est la seule règle, y injecte de la tendresse à travers l'histoire d'amour entre Slim et Miss Blandish. Une relation troublante, la victime tombant amoureuse de son bourreau, et qui prendra toute sa dimension tragique lors de la scène finale.

Le cinéaste s'amuse surtout à jouer avec tous les clichés du genre. Constamment en sueur, portant des costumes défraîchis et salis, les personnages évoluent dans une torpeur poisseuse, renforcée par la photographie très contrastée de Joseph Biroc, avec ses éclairages bruts et ses couleurs criardes. Pas d'orchidées pour Miss Blandish, sorti en 1971, peut être d'ailleurs considéré comme une série B pop, les années 30 se référant à l'esthétique "seventies".

Aldrich prouve une fois de plus qu'au delà de la stylisation, ce sont les personnages qui priment. En cela, sa direction d'acteurs, souvent excessive, fait merveille. Michael Mann, dont le terne et désincarné Public Enemies n"a pas laissé un grand souvenir, devrait en prendre de la graine. 

Jusqu'au 5 octobre, la cinémathèque française consacre toute une rétrospective des films de Robert Aldrich. Une bonne occasion de (re)découvir ce cinéaste injustement tombé dans l'oubli.

Antoine Jullien






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