vendredi 6 novembre 2009

Il était une fois Sergio Leone


"La révolution, ce n'est ni un dîner mondain, ni un événement littéraire, un dessin ou une broderie. Elle ne peut-être conduite avec élégance, avec délicatesse, avec grâce et courtoisie. La révolution est un acte de violence."  

Cette maxime, signée Mao Tse-Tung, placée en ouverture du film, a provoqué en 1971 l'ire des américains qui y ont vu une apologie de la révolte et du communisme. Elle fut donc supprimée, comme plus de vingt minutes du montage initial. Les européens ont eu la chance, eux, de voir le film dans sa version intégrale qui ressort aujourd'hui.

Il était une fois la révolution est le moins connu des films de Sergio Leone, tourné entre Il était une fois dans l'ouest et Il était une fois en Amérique. Il mérite pourtant largement un revisionnage tant la grandeur stylistique de cinéaste explose à chaque instant.

Mexique, 1913. Juan, un mexicain pilleur de diligence et John, ancien membre de l'IRA spécialiste en explosifs, décident de dévaliser la banque centrale de Mesa Verde mais ils vont vite se retrouver plonger au cœur de la tourmente de la révolution mexicaine...

La démythification de l'Amérique, de ses valeurs et de ses héros est une constante dans l'œuvre de Leone. La révolution est forcément sale, sanglante, dénuée d'héroïsme et de glorification. Il pousse même l'ironie jusqu'à faire endosser à un bandit les habits de leader d'une révolte qui le dépasse.

Sergio Leone

Deux comédiens, deux gueules inoubliables, Rod Steiger et James Coburn, lointains cousins de Clint Eastwood et Eli Walach, emportés dans un tourbillon d'images, de sons, de fureur et de cinémascope. Sergio Leone a pendant longtemps été considéré comme un habile faiseur, pasticheur de western et avide de gros plans. Sa courte filmographie prouve au contraire la maturité du bonhomme, son regard sans concession sur l'espèce humaine et son inventivité permanente en reprenant à son compte un genre qu'il subvertit génialement, aidé bien sûr par la musique d' Ennio Morricone qui signe ici sa partition la plus surprenante.

Un très grand cinéaste pour un grand film amer et ambigu. Leone attendra douze ans avant de réaliser son ultime opus, Il était une fois en Amérique, soit l'un des plus beaux films du monde. Mais c'est déjà une autre histoire...

Antoine Jullien

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