mardi 20 avril 2010

Breathless


Pour son premier long métrage, le coréen Yang Ik-june a décidé d'occuper tous les postes : acteur principal, réalisateur, scénariste, monteur.... La rage et l'énergie qui découlent de Breathless sont le fruit de cette implication jusqu'auboutiste. Sans détour, il nous parle de la famille coréenne et de ses pères indignes en passant par le triste métier de recouvreur de dettes, avec une radicalité et une brutalité qui peuvent rebuter. En effet, la violence montrée à l'écran, sèche et répétitive, est souvent à la limite de l'insoutenable mais elle sert d'exutoire à ce voyou, traumatisé à vie par le meurtre de sa soeur et de sa mère perpertré par son père qui vient de sortir de prison. Ce syndrome familial parcourt tout le film et se greffe en parallèle à un autre récit tout aussi tragique qui amènera, contre toute attente, à une harmonie relative.

Yang Ik-June prouve, comme il a souvent été dit dans ces colonnes, la vitalité du cinéma coréen. Le réalisateur n'a certes pas la même maîtrise que ces prestigieux compatriotes et pêche parfois par un manque de rythme et une insistance un peu appuyée dans la violence et l'apitoiement. Il témoigne pourtant d'une vraie puissance de mise en scène et de réelles audaces de montage. La manière dont il utilise les flashs-back, abruptement et souvent à contre-courant, est exemplaire. Les ruptures de ton sont fréquentes et l'on peut assister, éberlué, à un passage à tabac d'un mauvais payeur qui se voit ensuite proposer de déjeuner avec son agresseur !

Mais c'est le tableau de la société coréenne qui retiendra le plus l'attention. Yang Ik-June y va franchement et en rajoute dans le glauque et le sordide mais sa description des comportements humains qui se constituent physiquement et verbalement dans la violence, interpelle. Un frère qui ne peut s'empêcher d'insulter sa soeur, un homme qui n'a comme seule réponse que les coups : le constat fait froid dans le dos. Et même si le réalisateur termine son film avec une vague lueur d'espoir, il n'est pas à mettre entre toutes les mains. Âmes sensibles s'abstenir.

Antoine Jullien

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