mercredi 26 janvier 2011

Au-delà

La mort. Clint Eastwood l'a déjà évoqué à travers ses nombreux personnages, et l'on se souvient, ému, des dernières images de Gran Torino. Le géant américain a voulu parler de l'après, de l'inconnu. Au-delà relate trois histoires individuelles. Une journaliste française qui a échappé miraculeusement au tsnunami voit sa vie bouleversée. Un américain qui a le pouvoir de dialoguer avec les morts ne peut plus supporter ce don qu'il considère comme un fardeau. Enfin, à Londres, un jeune garçon perd son frère jumeau et va tenter de communiquer avec lui à l'aide de plusieurs médiums, charlatants devrait-on dire.

Si Clint Eastwood avait des réponses aux questions que l'on se pose sur ce qui nous attend après la vie, il ne se serait pas intéressé à ces personnages qui, eux mêmes, n'en n'ont pas à nous donner. Au-delà n'est pas un long métrage fantastique mais un mélo méditatif. La douceur du cinéaste transparaît encore au gré de séquences inégales. La partie britannique est la plus poignante, Eastwood filmant les enfants avec la pudeur qu'on lui connaît. De Honkytonk Man à Mystic River en passant par Un monde parfait, le cinéaste a toujours filmé les fêlures de cet âge à hauteur d'enfant. En quelques scènes, lors de l'accident du frère jumeau où de la magistrale séquence du métro, il épouse magnifiquement le regard de son personnage. La partie américaine recèle également de beaux moments grâce à la discrète et superbe interprétation de Matt Damon. La partie française est la moins convaincante, empreinte de clichés redondants. Cécile de France, lumineuse, n'est pas en cause mais l'on ne sent pas le cinéaste impliqué comme lors des deux autres segments.

Clint Eastwood et George McLaren

Clint Eastwood n'est décidement jamais là où on l'attend. A quatre-vingts ans, il se permet, pour la première fois de sa carrière, de débuter son film avec une séquence d'action digne des superproductions. Les premiers plans laissent deviner la menace qui rôde. Puis vient l'attaque du tsnunami, impressionnante, où la caméra suit le personnage de Cécile de France dans sa survie. Jusquà l'apparition un peu « too much » de l'au-delà.

Le réalisateur et son scénariste Peter Morgan, primé pour The Queen, se sont sentis obligés de rassembler tous ces personnages. Cette réunion un peu forcée débouche sur un final déconcertant, d'une faiblesse surprenante de la part du cinéaste. Le grand sujet devient minuscule et semble se résoudre à un banal happy end. Le trente-et-unième film de Clint Eastwood n'est donc pas une oeuvre majeure mais l'étonnante faculté du cinéaste à capter immédiatement notre attention pour ne plus la lâcher fascine encore. La marque des grands.

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Warner Home Video. 

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