mercredi 25 mai 2011

La Conquête



"J'aurais dû l'écraser. Et du pied gauche, encore, ça m'aurait porté chance". Les répliques savoureuses ne manquent pas dans La Conquête, le premier long métrage français consacré à un président de la république en exercice, Nicolas Sarkozy. Cette phrase vacharde, on l'a doit à Jacques Chirac, l'un des protagonistes de cette farce politique qui prétend nous montrer les coulisses d'une campagne présidentielle. A la conclusion, beaucoup de bruit pour pas grand chose. 

Il faut d'abord évoquer l'acteur Denys Podalydès qui a réussi le prodige de ne pas imiter Sarkozy mais d'en garder la substance tout en créant un vrai personnage de cinéma. Cruel, grossier, calculateur, l'acteur incarne le ministre-candidat avec une réelle conviction en l'amenant vers une humanité inattendue, le rendant presque émouvant lorsque Cécilia le quitte. Leur relation fusionnelle est le noeud dramatique de l'intrigue qui débute le 6 mai 2007, le jour de l'élection, où le futur président, alors qu'il va enfin accéder à la fonction suprême, se retrouve désespérément seul. C'est l'aspect le plus réussi du film, un couple qui vole en éclats au moment où les ambitions deviennent trop fortes. Florence Pernel apporte une belle sensibilité au personnage de Cécilia, la seule à exister face à l'ogre Sarkozy. 

Denys Podalydès et Florence Pernel

Car tous les autres en sont réduits à des caricatures, formant un théâtre de guignols amusant mais vain. La haine Sarkozy-Villepin, l'ambiguité du rapport Chirac-Sarkozy en sont réduits à des échanges prévisibles où l'on compte les points. Le réalisateur Xavier Durringer et le scénariste Patrick Rotman ne sont pas parvenus à dépasser l'anecdote journalistique. Si l'on doit au second une description assez juste des moeurs politiques, on peut reprocher au premier la platitude de sa mise en scène qui ne cherche jamais à apporter un éclairage nouveau. Pire, certaines séquences font vraiment cheap, notamment lors de la recréation du 6 mai, digne d'un vulgaire téléfilm. 

A moins d'avoir été à l'écart de l'évènement, le spectateur se sentira frustré de ne rien apprendre de neuf sur un sujet largement rebattu. Et le fait de l'avoir tourné au moment où l'homme est toujours dans ses fonctions empêche d'avoir le recul nécessaire. 2007 semble déjà loin et le film lui-même paraît bien daté. 

Antoine Jullien 


DVD et Blu-Ray disponibles chez Gaumont.
Retrouvez L'INTERVIEW de Samuel Labarthe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire