vendredi 8 juillet 2011

Paris Cinema - Michael Lonsdale


L'acteur Michael Lonsdale est l'un des invités d'honneur de Paris Cinéma qui lui consacre une large rétrospective. L'éclectisme du comédien a de quoi surprendre, passant aisément d'un cinéma populaire à des oeuvres plus exigeantes. L'acteur facétieux nous a livré, en compagnie du critique Jean Douchet, une leçon de cinéma ludique précédée d'une oeuvre méconnue de Jean Eustache Une sale histoire dans laquelle Lonsdale raconte son expérience de voyeur dans les toilettes pour dames d'une brasserie parisienne. Il révèle ici une malice et un trouble fascinants que de prestigieux cinéastes sauront savamment exploiter.

Il a d'abord évoqué sa jeunesse, à Londres puis au Maroc où il se découvrit une passion pour le cinéma américain et en particulier pour les films de guerre. Revenu en France en 1947, il découvrit le théâtre grâce à l'apprentissage de Raymond Rouleau qui lui fit faire sa première audition.

Il raconte avec délice sa rencontre mémorable avec Orson Welles sur le tournage du Procès. "Tout pour lui était prétexte à invention" dit le comédien du réalisateur de Citizen Kane. Après, les rôles au cinéma s'enchaîneront et sa rencontre en 1968 avec Marguerite Duras restera déterminante.

Il tourna avec de grands cinéastes dont Truffaut qui lui donna le délectable personnage du vendeur de chaussures Mr Tabard dans Baisers Volés ou Bunuel qui lui demanda d'interpréter le sado-masochiste du Fantôme de La liberté. A propos du cinéaste espagnol, Lonsdale a glissé "qu'il l'était l'un des seuls réalisateurs où le fait que les acteurs jouaient mal dans ses films n'avait aucune importance" mais il a ajouté "qu'il était l''un des rares à avoir inventé jusqu'au bout." 


Jean Douchet et Michael Lonsdale 

L'acteur peut parfois se montrer acerbe envers un cinéaste qui l'a déçu comme Milos Forman sur le tournage des Fantômes de Goya dont il ne garde pas un bon souvenir.

Le grand public le connaît pour ses rôles d'hommes d'église, du Nom de la Rose à Des Hommes à des dieux en passant par Ma vie est un enfer où il interprétait l'archange Gabriel ! Mais on le connait aussi pour avoir endossé le rôle du méchant dans l'un des plus mauvais films de la série des James Bond Moonraker où le comédien avoue s'être "bien amusé".

Quant à son métier d'acteur, il déclare simplement : "je vis mon métier, je ne le réfléchis pas" avant de conclure modestement : "je suis étonné d'être là". 

A l'occasion de cet hommage, le comédien à présenté Les Hommes libres d'Ismaël Ferroukhi dans lequel il interprète le Recteur de la Mosquée de Paris Si Kaddour Ben Ghabrit durant la seconde Guerre Mondiale. Le film évoque une page d'histoire méconnue, le rôle de la communauté arabe à Paris en 1942 et les actes de résistance d'un émigré algérien joué par Tahar Rahim (la révélation d'Un prophète). Malgré ce sujet original, le film est terriblement scolaire, manquant de souffle et ne donnant aucune épaisseur à des personnages réduits à des silhouettes. (sortie le 28 septembre)

Les Hommes libres d'Ismaël Ferroukhi 

Laissons à Michael Lonsdale la dernière réplique dans un extrait savoureux de Baisers volés (1968).


Rétrospective Michael Lonsdale au cinéma le Champo jusqu'au 12 juillet. 
51, rue des Ecoles - 75005 Paris. 
Renseignements : www.pariscinema.org

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