mercredi 12 octobre 2011

Another Earth


La science-fiction intimiste est décidément dans l'air du temps. Après Melancholia, Mike Cahill réalise, avec nettement moins de moyens, un film étrange, en partie réussi qui prouve que l'ingéniosité et le talent font fi du spectaculaire. 

Rhoda Williams, jeune diplômée en astrophysique, voit ses rêves d'espace brisés lorsque sa voiture percute celle de John Burroughs, un compositeur célèbre. Après avoir perdu sa femme et sa fille dans l'accident, il fait la rencontre de Rhoda dont il ne sait rien. Pendant ce temps, une planète semblable à la Terre fait son apparition. 

Brit Marling et William Mapother

Dans ses futurs longs métrages, Mike Cahill devra mettre certaines afféteries de côté. La surabondance de zooms et de ralentis nuisent au récit et sont sans doute la marque d'un réalisateur un peu trop démiurge, assurant à la fois la mise en scène, le cadre et le montage. Mais il réussit à jouer très habilement avec les éléments traditionnels de la science-fiction en accentuant leurs portées minimalistes, de l'omniprésence de l'autre Terre à l'angoissante séquence du journal télévisé dans laquelle une scientifique dialogue avec son double. Ce thème est intelligemment traité grâce à la présence de cette terre alternative qui englobe les deux personnages principaux dans un mélange de remords, de colère et d'espoir. 

Mais le cinéaste ne fait pas confiance à son sujet, utilisant une voix-off pontifiante et inutile et tombe trop systématiquement dans le basculement des genres au détriment du film. Toutefois, il ne sombre jamais dans l'apitoiement de son personnage et la suit au plus près dans sa quête de rédemption qui risque d'être réduite à néant par la découverte de son identité. Ce suspense savamment entretenu est l'un des atouts du film qui culmine dans une émouvante séquence où le musicien joue du violon au moyen d'une scie. Grâce à la belle interprétation de Brit Marling (également productrice et scénariste) et William Mapother, le rapport entre Rhoda et John continue de nous intriguer jusqu'à la troublante dernière image. On se dit alors que le grand film qu'Another Earth aurait pu devenir était sans doute dans ce plan ultime. 

Antoine Jullien

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