samedi 12 novembre 2011

Rencontre avec Jean-Paul Rappeneau


A l'occasion du festival d'Arras, le réalisateur Jean-Paul Rappeneau a donné une leçon de cinéma animée par le journaliste et critique Michel Ciment. Revenant film par film sur sa carrière menée sous le signe de la comédie et du mouvement, le réalisateur a d'abord évoqué sa jeunesse provinciale et la guerre qui fut "la grande histoire de son enfance". Découvrant un soir au théâtre Hamlet, il eut soudain l'envie de devenir comédien. Mais c'est à la fin des années 40 lorsqu'il découvrit Citizen Kane d'Orson Welles que naquit son amour pour le cinéma. 

Après de brèves études de droit, le futur cinéaste devient assistant réalisateur, une expérience qui selon lui, "n'a pas grand chose à voir avec le métier de metteur en scène." Puis Louis Malle, le premier, lui demande de venir l'épauler sur l'adaptation de Zazie dans le métro. Par la suite, Rappeneau collabora en tant que scénariste à plusieurs films d'Alain Cavalier et Philippe De Broca. 

C'est en 1965 qu'il décide de se jeter à l'eau en réalisant La vie de château avec Philippe Noiret et Catherine Deneuve. Comédie ayant pour toile de fond l'occupation allemande, le film permet à Rappeneau de révéler son penchant pour les situations cocasses qu'il n'aura de cesse de mettre en scène dans ses oeuvres ultérieures : Les mariés de l'an II, Le Sauvage, Tout feu, tout flamme, Cyrano de Bergerac, Le Hussard sur le toit et Bon Voyage, son film le plus personnel. 

Gregori Derangère et Isabelle Adjani dans Bon Voyage (2003)

Sept longs métrages en près de cinquante de carrière, un rythme d'escargot que Rappeneau explique par  de nombreux projets avortés ou abandonnés, notamment celui qu'il devait tourner en 2010 et intitulé Liaisons étrangères qui a été brutalement interrompu à quatre semaines du tournage car le budget devenait trop élevé. 

Jean-Paul Rappeneau 

Evoquant ses difficultés d'adaptation sur Cyrano, le cinéaste s'est permis quelques libertés avec la pièce, aidé par son co-scénariste Jean-Claude Carrière.  Il a également su éviter le piège de la théâtralité par son obsession du mouvement et "le bonheur du travelling" qui demeure l'une de ses figures de style favorites. Il en a profité pour confier au public arrageois que le siège d'Arras dans le film avait été en réalité tourné à Budapest ! 

Enfin, il s'est longuement entretenu sur son rapport avec les comédiens. Persuadé que le bon casting contribue grandement à la réussite d'un film, il a privilégié les stars : Deneuve, Adjani, Binoche. Malgré des relations tendues avec Yves Montand sur Le Sauvage, le cinéaste collabora de nouveau avec l'acteur sur Tout feu, tout flamme six ans plus tard. Mais le réalisateur a aussi exprimé ses regrets dont celui d'avoir choisi Olivier Martinez pour le rôle d'Angelo dans Le Hussard sur le toit. Moquant avec une certaine délectation l'accent du comédien, Rappeneau avait failli à l'époque le doubler avant d'y renoncer. Quant à Gérard Depardieu auquel un hommage a été rendu récemment à l'institut Lumière en présence du cinéaste, celui-ci a dit toute son admiration pour l'ogre du cinéma français tout en reconnaissant que Cyrano devait être l'un des derniers films dans lequel le comédien avait appris son texte ! 

Gérard Depardieu dans Cyrano De Bergerac (1990) 

Réalisateur méthodique, scrupuleux mais aussi facétieux et plein d'humour, Jean-Paul Rappeneau est une figure originale de notre paysage cinématographique hexagonal, auteur de grands spectacles populaires de qualité qui prouvent que le divertissement, lorsqu'il est nourri avec passion et intelligence, est un art noble.

Antoine Jullien

Festival international du film d'Arras jusqu'au 13 novembre.
Retrouvez le programme du festival ici.
Renseignements :  http://www.plan-sequence.asso.fr/festival.php

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