mardi 31 janvier 2012

The Descendants


La petite musique d'Alexandre Payne résonne à nouveau dans The Descendants, son cinquième long métrage. L'auteur de Sideways aime filmer ses personnages pris dans des situations qui les dépassent et ainsi donner à des stars des rôles d'hommes à la fragilité discrète qui voient soudain leurs repères vaciller. Entre drame et pics d'humour, le film est bien dans la lignée d'un univers dans lequel on rentre aisément, comme si l'on connaissait déjà ce père et ses deux filles. Mais Alexander Payne sait donner au décor une place inhabituelle qui donne une touche un peu originale à l'ensemble. 

A Hawaï, Matt King tente de se rapprocher de ses deux filles suite à l'accident de bateau survenu à leur mère, tombée dans le coma. Hésitant à vendre des terres familiales héritées de ses ancêtres, il apprend que sa femme avait un amant. Désemparé, Matt part à sa recherche, accompagné de ses deux filles. Au fil des rencontres, il va tenter de reconstruire sa vie... 


Alexander Payne a plusieurs bonnes idées dans sa besace dont celle de situer son histoire à Hawaï. Le cinquantième état américain se retrouve, dans la première partie du moins, déglamourisé. Et les cousins de Matt King, tous vêtus de chemises plus moches les unes que les autres, accentuent encore cette image. Se focalisant sur l'épreuve que traverse cette famille au milieu des lagons et des forêts vierges, le cinéaste en profite également pour transformer George Clooney en monsieur-tout-le-monde, avocat pépère et un brin radin d'une progéniture, elle, un peu déglinguée. Bien qu'il n'arrive pas tout à fait à enlever sa carapace de séducteur, le comédien fend l'armure et convainc en père aux abonnés absents qui va redécouvrir les valeurs familiales et affectives. 

L'autre trouvaille du cinéaste est de nous présenter directement la victime, le femme de Matt, sur son lit d'hôpital sans avoir recours à des flash backs qui auraient pu lui donner facilement de l'épaisseur. En évitant ainsi la sensiblerie, le réalisateur la dépeint comme un personnage plutôt négatif, coupable d'adultère. Un postulat audacieux qui accouche d'un scénario finalement assez convenu, alternant soigneusement les moments drôles aux instants plus graves, aérés par des vues cette fois très carte postale de l'île paradisiaque. Si la justesse des interprètes et des situations est la principale qualité du film, il lui manque toutefois une véritable personnalité qui l'empêche de s'élever au-delà d'une comédie douce-amère un peu lisse. Malgré son charme indéniable, un sentiment de léger formatage domine, n'en déplaise aux Oscars qui font d'Alexander Payne le grand cinéaste qu'il n'est pas encore. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez 20th Century Fox.

dimanche 29 janvier 2012

Nominations Oscars et Césars


Les nominations des Oscars et des Césars sont tombées cette semaine. Fait inédit, la grande messe hollywoodienne aura un film français comme favori. Avec 10 nominations, The Artist est très attendu au tournant d'autant plus qu'il a déjà raflé le Golden Globe du meilleur film et Jean Dujardin celui du meilleur acteur. Si le succès outre-atlantique du film muet de Michel Hazavanicius donne lieu dorénavant à certains commentaires aigres, il serait bien injuste de ne pas rappeler la réussite de ce pari fou dont, il n'y a encore pas si longtemps, très peu misaient. Son principal challenger sera The Descendants d'Alexander Payne, vainqueur lui aussi aux Golden Globes. Plébiscité un peu exagérément par la presse américaine, cette histoire d'un père et de ses deux filles unis face à l'épreuve de la mort de leur mère a beaucoup séduit et pourrait valoir à George Clooney son premier oscar du meilleur acteur. Hugo Cabret de Martin Scorsese n'est heureusement pas oublié et obtient le plus grand nombre de nominations (11), le cinéaste décrochant sa septième distinction (vainqueur en 2007 pour Les Infiltrés). Idem pour un autre dinosaure du cinéma, Woody Allen qui, avec Minuit à Paris, fait un surprenant come-back dans cette cérémonie où il ne s'est jamais rendu, nommé dans les catégories meilleur film, réalisateur et scénario original. 


Parmi les autres long métrages retenus, citons l'intense The Tree of life qui vaut une nomination à Terrence Malick ainsi que l'excellent Le Stratège de Bennett Miller qui pourrait, peut-être, valoir enfin un oscar à Brad Pitt. Côté comédiennes, les biopics sont toujours aussi payants puisque Meryl Streep en Margaret Thatcher dans La Dame de fer et Michelle Williams en Marilyn Monroe dans My week with Marilyn semblent être les deux grandes favorites, à moins que Glenn Close dans le rôle d'une femme se faisant passer pour un majordome dans Albert Nobbs ou Rooney Mara en Lisbeth Salander dans Millenium ne viennent troubler le jeu. Parmi les belles surprises, Une Séparation d'Asghar Farhadi est retenu non seulement pour le meilleur film étranger mais également pour le meilleur scénario original, un cas rarissime pour un film non anglophone. 


Au rayon des absences regrettables, notons évidemment celle, consternante, de Drive de Nicolas Winding Refn qui n'obtient qu'une piètre nomination pour le son, Shame de Steve McQueen et l'inexplicable absence de son acteur principal Michael Fassbender ou We need to talk about Kevin de Lynne Ramsey alors que l'on attendait au moins une nomination pour Tilda Swinton. Des films sans doute trop dérangeants pour une académie qui brille parfois.... par son académisme. 


Mise à part le passage artificiel du nombre de nommés, passant de cinq à sept dans les catégories film, réalisateur, acteur et actrice, les Césars ne surprennent guère. Avec 13 nominations, Polisse domine les débats mais devra affronter des adversaires de poids : The Artist (10), La guerre est déclarée (6) et Intouchables (9) qui réconcilie pour une fois le triomphe public et la critique. Si relative surprise il y a, c'est la forte présence du remarquable L'exercice de l'état qui récolte pas moins de 11 nominations et celle plutôt inattendue de Pater d'Alain Cavalier. 


Les acteurs ayant interprété des personnages réels sont maintes fois représentés : Philippe Torreton/Alain Marécaux dans Présumé coupable, Sami Bouajila/Omar Raddad dans Omar m'a tuer, Denys Podalydès/Nicolas Sarkozy dans La Conquête sans oublier le duo Cluzet/Sy d'Intouchables. Notons également la grotesque distinction établie entre premiers et seconds rôles de Polisse où Karin Viard et Marina Foïs sont nommés dans la catégorie meilleure actrice alors que Joey Starr est retenu en meilleur second rôle masculin. Quant à l'unique nomination attribuée à L'ordre et la morale (meilleure adaptation), elle ne choquera personne au lendemain de la lamentable réaction de Mathieu Kassovitz sur internet. 


Parmi les vraies déceptions, citons l'incompréhensible absence du troublant Tomboy de Céline Sciamma, du mésestimé Poulet aux prunes et celle de Donoma dans la catégorie premier film.

Les verdicts seront rendus le 24 février pour les Césars et le 26 février pour les Oscars. 

mercredi 25 janvier 2012

Millenium : les hommes qui n'aimaient pas les femmes


Avant d'évoquer Millenium, étudions d'un peu plus près le regard que l'on porte sur David Fincher. Hier méprisé par une grande partie de la critique qui le considérait comme un faiseur plein d'esbroufe, le cinéaste est aujourd'hui porté aux nues. La rupture s'est produite avec Zodiac, salué par les critiques de l'époque comme l'oeuvre de la maturité. L'auteur de ces lignes fait partie de ceux qui ont été immédiatement séduits par le cinéma de Fincher, dès son premier opus, le mésestimé Alien 3. Seven a par la suite révolutionné le thriller et stupéfie encore par la puissance de sa mise en scène, The Game s'enrichit à chaque vision et Fight Club mérite bien davantage que les accusations idiotes et simplistes de brûlot aux relents fascistes. Si sa mise en scène est dorénavant moins spectaculaire, son sens inné du cadre et sa faculté géniale à se réapproprier les genres cinématographiques ne datent certainement pas de Zodiac. Depuis, ses films sont systématiquement encensés alors que Benjamin Button, film intéressant à plus d'un titre, n'est pas son chef d'oeuvre. Après The Social Network qui représentait un accomplissement créatif, Millenium apparaît, de prime abord, comme une redite. Car si Fincher semblait le mieux à même de retranscrire visuellement l'univers de Stieg Larsson, l'impression de déjà-vue demeure. 

Mikael Blomkvist, brillant journaliste d'investigation, est contacté par un puissant industriel suédois, Henrik Vanger, afin d'élucider la disparition inexpliquée de sa nièce Harriet, survenue des années auparavant. Ses investigations le conduisent rapidement à penser que le coupable est l'un des membres de la famille. Apprenant qu'une jeune fille au nom de Lisbeth Salander a enquêté sur lui, il décide de rentrer en contact avec elle pour qu'elle aide à résoudre l'énigme. Ils se retrouvent alors plongés dans un soubresaut de meurtres et de vengeance...

Daniel Craig 

L'adaptation de la fameuse trilogie du Stieg Larsson est toujours une gageure tant l'oeuvre littéraire est dense et complexe. Steven Zaillan, l'un des plus brillants scénaristes américains (La liste de Schindler, American Gangster, Le Stratège...), est resté très fidèle au matériau original. Les amateurs du roman ne seront donc pas surpris devant les folles péripéties que vivent ce couple improbable. Pour les incarner, David Fincher a choisi Daniel Craig et Rooney Mara, aperçue déjà dans The Social Network. Si le premier demeure un peu fade et ne restitue pas suffisamment le charisme du personnage de Blomkvist, la seconde s'en sort avec les honneurs dans le rôle de Lisbeth même si elle n'évite pas la comparaison avec Noomi Rapace, la sensationnelle interprète de la version suédoise. 

Rooney Mara 

La maîtrise confondante du cinéaste éclate encore à chaque plan ou presque. D'une troublante élégance, sa mise en scène réussit à nous captiver malgré une histoire que l'on commence à connaître sur le bout des doigts. Alternant avec fluidité les trajectoires des deux protagonistes avant qu'elles ne se rejoignent, il nous plonge la tête la première dans la matière brute du roman, l'exploration d'un passé nauséeux mêlé à une barbarie souterraine, soutenu par l'impressionnante musique de Trent Reznor et Atticus Ross. Le cinéaste s'est également trouvé un pays d'adoption, la Suède, qu'il filme dans sa ténébreuse blancheur. 

Cependant, plus le récit progresse et plus le film semble devenir une pure commande, faiblissant d'intensité dans la dernière demi-heure. A défaut d'être personnel, ce Millenium version Fincher aurait dû être plus dérangeant et, tout comme la précédente adaptation réalisée par Niels Arden Oplev, se concentre presque exclusivement sur le thriller en occultant l'importante toile de fond journalistico-politique. Un coup d'épée dans l'eau ? Certainement pas. Mais on se demande toujours pour quelle raison véritable David Fincher a voulu filmer cette histoire qui a le défaut, peut-être, de lui ressembler d'un peu trop près. 

Antoine Jullien   



DVD et Blu-Ray disponibles chez Sony Pictures Entertainment

Trust


Tous les amateurs de la série Friends n'ont pas oublié le visage poupin de David Schwimmer, alias Ross dans cette sitcom qui a fait sa gloire. Mais on ne l'attendait pas dans le rôle d'un réalisateur discret et sensible qui confirme de film en film une indéniable maturité de cinéaste. Avec Trust, il aborde un problème délicat qui aurait pu causer bien des débordements. Il n'en n'est rien. 

Annie, 14 ans, se fait un nouvel ami sur internet, un dénommé Charlie. Après plusieurs semaines de conversation en ligne, elle décide de le rencontrer, sans en parler à ses parents. Mais la découverte de Charlie va entraîner des conséquences sur la jeune fille et sur sa famille qui les changeront définitivement. 

Clive Owen et Catherine Keener 

Sur un sujet très contemporain, les dangers du web sur les adolescents, David Schwimmer ne réalise pas un film-dossier assorti d'un jugement moral. Il préfère scruter finement le délitement d'une famille face à un drame que personne n'avait vu venir. Avec une caméra au service des personnages, il filme les contradictions d'une jeune fille qui nie la gravité de sa situation et des parents dépassés par elle qui, obnubilés par une soif de vengeance, en oublient la détresse de leur enfant. 

Le déni d'un côté, la colère irraisonnée de l'autre sont les deux moteurs d'une intrigue que le cinéaste conduit sobrement, sans effets superflus. Grâce à la poignante interprétation de Liana Loberto et la parfaite composition du couple de parents Clive Owen-Catherine Keener, David Schwimmer réussit à instaurer un climat malaisant qui nous interpelle quant aux risques engendrés par une société hypersexualisée et sur la trop grande indulgence que l'on peut y prêter. Même si la fin, un peu trop démonstrative, se veut rassurante, les dernières images, glaçantes, nous disent clairement qu'une réalité supposée virtuelle peut se concrétiser de la pire des manières. Sans être bêtement paranoïaque, Trust appelle à une salutaire vigilance. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Metropolitan Vidéo.

mardi 24 janvier 2012

Cycle Guerre d'Algérie au Forum des Images


Près de cinquante ans après les accords d'Evian qui marquèrent la fin de la guerre d'Algérie, le Forum des Images propose un cycle de fictions et documentaires, archives militaires et images d'amateurs revenant sur un conflit qui demeure encore aujourd'hui un sujet sensible. 

En réunissant une trentaine de cinéastes, historiens, archivistes, philosophes et chercheurs, le Forum des Images cherche à décrypter les représentations de la guerre et l'évolution de ces représentations au cours des cinquante dernières années. 

Les invités, parmi lesquels Bertrand Tavernier, Mohammed Lakhdar-Hamina, René Vautier et Yasmina Khadra, échangeront leurs regards et partageront leurs analyses d'une guerre au passé longtemps refoulé.

La Trahison de Philippe Faucon (2006) 

Le cycle démarre aujourd'hui avec la projection en avant-première de Méditerranées d'Olivier Py qui revient sur son enfance passée en Algérie. Le film sera suivi d'une rencontre entre l'historien français Benjamin Stora, spécialiste de la guerre d'Algérie, et Abdelmadjid Merdaci, historien algérien. 

Ces dix jours de programme se clôtureront par une journée d'études Algérie et médias rassemblant des chercheurs venus partager leurs savoirs et expériences. 

Entre-temps, vous pourrez découvrir ou redécouvrir cinquante films de fictions et documentaires, de La Guerre sans nom de Bertrand Tavernier à La Trahison de Philippe Faucon (en présence du réalisateur) en passant par La bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo et L'ennemi intime de Florent Emilio-Siri. 

La guerre d'Algérie, images et représentations du 24 janvier au 2 février au Forum des Images.
Forum des Halles, 2 rue du cinéma. 75001 Paris.
Renseignements : www.forumdesimages.fr

mercredi 18 janvier 2012

Rétrospectives Spielberg et Altman


La Cinémathèque française poursuit son exploration des récits américains à travers deux cinéastes majeurs : Steven Spielberg et Robert Altman. 

Le premier, qui a donné récemment une masterclass dans le cadre de la présentation de son nouveau film, Cheval de Guerre, est à l'honneur jusqu'au 3 mars avec la présentation de l'intégralité de sa filmographie. Si le réalisateur est aujourd'hui largement considéré comme un grand cinéaste, il en reste encore une poignée qui ne devrait pas voir d'un bon oeil l'hommage que l'institution fait à un homme parfois réduit à de simples qualités d'entertainer. 

La Guerre des Mondes (2005)

Cette rétrospective devrait leur apporter un sérieux démenti et prouve que Steven Spielberg a abordé presque tous les genres en ayant su prendre le public à contre-pied et ainsi casser son image de cinéaste mièvre et infantile avec La Liste de Schindler qui lui valut une pluie d'Oscars en 1994. 

La dernière décennie a montré un nouvelle tonalité, plus sombre, où son sens inné du spectacle se mêle à une vision désenchantée de la nature humaine, de Minority Report à Munich en passant par La Guerre des mondes. 

A cette occasion, vous retrouverez prochainement dans Mon Cinématographe un abécédaire qui reviendra plus en détails sur cette filmographie hors du commun. 



Cinéaste franc-tireur et iconoclaste, Robert Altman méritait bien quelques séances de rattrapage, plus de cinq ans après sa mort et son ultime opus, le bien nommé The Last Show

D'abord réalisateur pour la télévision où il dirige plusieurs épisodes de la fameuse série Alfred Hitchcock présente, il peinera à obtenir le succès jusqu'à la Palme d'Or remportée par M.A.S.H. en 1970. Virulente satire anti-militariste, le film donne le ton des oeuvres successives du cinéaste où la relecture des genres (western, policier...) et les histoires à multiples personnages (qu'on appellera "films choraux") porteront sa signature. 

Tim Robbins dans The Player (1992)

Les plans séquences, les dialogues improvisés, les effets de zoom confèrent à ses films une patte inimitable renforcés par une troupe d'acteurs fidèles, de Shelley Duvall à Eliot Gould en passant par Warren Beatty et Donald Sutherland. 

Dans les années 80, Robert Altman connaît une impasse avant de renaître superbement au début des années 90 grâce à deux de ses meilleurs films, The Player et Short Cuts. Qualifié régulièrement de cinéaste cynique, Altman n'en éprouvait pas moins une certaine tendresse pour ses personnages, notamment dans sa dernière oeuvre majeure, Gosford Park

Rétrospectives Steven Spielberg et Robert Altman jusqu'au 3 mars à la Cinémathèque française.
Les cycles sont accompagnés de plusieurs rencontres et conférences.
Renseignements : www.cinemathequefrancaise.fr

Take Shelter


L'Amérique est en plein tourment, à l'image des visions apocalyptiques de Curtis. Pour son deuxième long métrage, le remarqué Jeff Nichols livre une oeuvre angoissante sur le fil tendu de la paranoïa de son protagoniste. Un film qui fait découvrir sa richesse progressivement, en prenant son temps afin d'installer un climat très inquiétant et durablement marquant. 

Curtis LaForche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Son étrange comportement fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut vaincre la terreur qui l'habite... 

Michael Shannon

Curtis, c'est Michael Shannon, un curieux visage ne pouvant dissimuler une angoisse sourde qui menace à tout moment d'imploser. Saisissant, l'acteur est de tous les plans et contamine l'intrigue qui démarre avec cette scène d'un homme protégeant sa fille d'une tornade infernale. Un mauvais rêve qui va se décliner et révéler une psyché troublée. Curtis n'a pourtant pas les allures d'un malade psychotique mais plutôt celui d'un bon père de famille à la démarche assurée et à la présence réconfortante. Sa femme et sa fille sourde-muette partagent avec lui une complicité qui ne s'exprime pas par les mots. Jusqu'à ce que Curtis échappe à toute rationalité. 

Michael Shannon et Jessica Chastain

La splendide mise en scène de Jeff Nichols joue magistralement sur deux registres, celui de la peinture naturaliste d'une Amérique face à la crise où le couple est confronté aux difficultés économiques et celui du film fantastique où les cauchemars de Curtis se fondent avec la réalité qui l'entoure. Le cinéaste fait confiance à son étonnante maîtrise visuelle, instaurant une atmosphère étrange nourrie de pauses et de grands moments de tension amplifiée par une discrète et admirable utilisation des effets spéciaux. Malgré certains ressorts psychologiques, le cinéaste épouse la trajectoire de son personnage en ne cherchant pas à expliquer son trauma ni à le justifier. On voit Curtis s'enfoncer vers la paranoïa mais c'est d'une peur bien plus profonde dont il est vraiment question. 

Le film ne donnera pas de réponses mais l'épilogue, très ambigu, tend vers la métaphore d'une société en perte de repères qui veut à tout prix trouver un abri (le "shelter" du titre). Le couple prend ici une place primordiale et semble, aux yeux du cinéaste, le dernier véritable refuge. La tendresse partagée entre Jessica Chastain (la révélation de The tree of life) et Michael Shannon prend une tournure bouleversante car elle révèle une compréhension de l'autre très éloignée des clichés habituels. Alors que la folie pourrait les perdre, elle les unit définitivement. Jeff Nichols ne manque décidément pas d'audace. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Ad Vitam.

lundi 16 janvier 2012

Top 10 2011

1. DRIVE 


2. POLISSE 


3. BLACK SWAN 


4. INTOUCHABLES


5. THE ARTIST


6. UNE SEPARATION 


7. LA GUERRE EST DECLAREE 


8. MELANCHOLIA 


9. LE DISCOURS D'UN ROI 


10. THE TREE OF LIFE


Les internautes ont fait leur choix : Drive de Nicolas Winding Refn est votre film préféré de l'année 2011. Le formidable polar de Nicolas Winding Refn a recueilli plus de la moitié de vos suffrages. Polisse de Maïwenn qui a suscité dans ces colonnes un débat passionné vous a manifestement enthousiasmé, lui accordant la deuxième place. Black Swan de Darren Aronofsky, autre film à ne pas avoir eu les faveurs de Mon Cinématographe, vous a conquis de même qu'Intouchables d'Olivier Nakache et Eric Tolédano qui a réussi, fait rarissime, à plaire autant aux spectateurs qu'aux critiques malgré certaines réserves que nous avons déjà évoqué. The Artist de Michel Hazanavicius, très plébiscité dans vos classements, obtient une méritée cinquième place en attendant son possible triomphe aux Oscars. 

La 6ème place d'Une Séparation est sans conteste la nouvelle la plus réjouissante de ce top 10 tant l'émotion que le film d'Asghar Farhadi a suscité auprès du public est impressionnante. On est plus réservé sur la 7ème place accordée à Valérie Donzelli et sa surestimée La Guerre est déclarée. La fin du monde selon Lars Von Trier vous a semble-t-il subjugué, situant Melancholia en 8ème position. Fort de son beau succès en salles, Le discours d'un roi de Tom Hooper obtient noblement la 9ème place. Quant à The Tree of life, si le film a divisé les critiques comme les spectateurs, la puissance de l'oeuvre de Terrence Malick en a laissé plus d'un bouche bée. 

A noter que les deux grands films de la fin d'année, Shame de Steve McQueen et Hugo Cabret de Martin Scorsese se classent juste après, et c'est tant mieux ! Précisons également que Fighter de David O. Russell, Super 8 de J.J. Abrams, le Tintin de Steven Spielberg, La Piel que Habito de Pedro Almodovar et Minuit à Paris de Woody Allen ont trouvé vos faveurs. 

On regrettera tout de même l'absence de quelques longs métrages peu vus au moment de leurs sorties et qui méritent d'être découverts : Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan, We need to talk about Kevin de Lynne Ramsey, Balada Triste d'Alex de la Iglesia ou Donoma de Djinn Carrénard. 

Retrouvez LE PALMARES de l'année 2011. 

mercredi 11 janvier 2012

J. Edgar


Oui, un grand cinéaste peut décevoir. La politique des auteurs qui consiste à consacrer systématiquement un réalisateur ne tient plus lorsque celui-ci n'est pas à la hauteur des attentes. Et la déception est immense à voir Clint Eastwood échouer à faire de J. Edgar une oeuvre majeure. Tout était pourtant réuni : une figure éminemment complexe, un acteur au diapason, un récit propice à nourrir la réflexion du cinéaste sur l'histoire de son pays... Clint Eastwood éprouverait-il une forme de lassitude ? Un élan artistique en berne ? 

J. Edgar Hoover s'est imposé comme l'homme le plus puissant des Etats-Unis. Directeur du FBI pendant près d'un demi-siècle, il était prêt à tout pour protéger son pays. Couvé par une mère omniprésente, l'homme s'est employé à défendre sa conception bien particulière de la justice mais s'est aussi laissé contaminer par la part d'ombre du pouvoir. 

Leonardo DiCaprio et Armie Hammer 

Le récit entrecroise deux époques : celle des années 20 où l'on voit Hoover créer le FBI et celle de la fin de sa vie où il fait rédiger ses mémoires à des sbires disciplinés. Une option narrative parcellaire qui ne fait que survoler le personnage. Eastwood centrant Hoover sur deux périodes espacées qui sont censées se répondre, il utilise des va et viens incessants qui font perdre au film son intensité et sa fluidité. Desservi par un scénario qui multiplie à outrance les grandes phrases sentencieuses d'Hoover, le cinéaste ne brille pas non plus par ses transitions temporelles qui font passer platement Hoover d'un ascenseur à un autre ou du même balcon de son bureau. Un manque d'inspiration qui va malheureusement se confirmer par la suite. 

Si le cinéaste montre bien l'obsession anticommuniste de Hoover en relatant les attentats méconnus de Washington de 1919, il occulte une part prépondérante du personnage, ses liens tangibles avec la mafia et son chantage permanent envers de nombreux politiciens étant soit évacués soit à peine esquissés. En revanche, le cinéaste insiste abondamment sur les méthodes nouvelles d'investigation inventées par Hoover en racontant longuement l'assassinat du fils de Charles Lindbergh qui avait beaucoup ému l'opinion américaine et dont l'arrestation du meurtrier lui avait permis d'assoir son prestige et sa puissance. On peut toujours saluer un cinéaste qui aime prendre le contre-pied des attentes mais la trop grande bienveillance qu'il porte au personnage annihile ses nombreuses zones d'ombre. Seule sa propension à se glorifier de sa personne auprès du public en exagérant les actes héroïques dont il se disait être l'auteur est justement traitée et l'on voit bien le souci qu'avait Hoover à protéger son image. 


C'est finalement dans l'intime que le cinéaste se sent le plus à son aise. Si Sur la route de Madison racontait une histoire d'amour improbable sur le papier, J. Edgar évoque également une étrange union, celle d'Hoover avec son numéro deux, Clyde Toldson. De cette relation amoureuse qui ne dit pas son nom, Eastwood en tire de beaux moments, d'abord lors d'un affrontement brutal entre les deux hommes dans une chambre d'hôtel puis lorsque, vieillissants, ils prennent leur petit-déjeuner. Le passage du temps est un thème cher à Eastwood auquel il apporte une cruelle sérénité. 

Mais cela ne doit pas faire oublier les nombreuses impasses commises par le cinéaste et son absence de regard sur la figure politique et historique d'Hoover. Leonardo DiCaprio n'est pas en cause et campe brillamment un homme secret aux relents paranoïaques, presque touchant dans sa volonté de préserver le pouvoir à tout prix. Mais à l'image des maquillages grossiers de ses partenaires, Armie Hammer et Naomi Watts, Clint Eastwood semble curieusement détaché de ce qu'il filme. Ayant confessé ne pas connaître grand chose à Hoover avant de lire le scénario de Dustin Lance Black (l'auteur oscarisé d'Harvey Milk), le cinéaste a fait trop confiance à son classicisme légendaire qui, cette fois, paraît dévitalisé. Et la fin lourdement mélodramatique n'y change rien. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Warner Home Video.

Retrouvez les critiques d'INVICTUS et AU-DELA.

Les nouveaux chiens de garde


La Charte des devoirs professionnels des journalistes français édicte qu'"un journaliste digne de ce nom (sic) (...) ne touche pas d'argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d'être exploitées ; ne signe pas de son nom des articles de réclame commerciale ou financière ;(...) n'use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée."

Qu'il est jubilatoire d'assister à la projection des Nouveaux chiens de garde * en présence de journalistes directement concernés ! Les réalisateurs Gilles Balbastre et Yannick Kergoat ont voulu mettre les pieds dans le plat en dénonçant tous azimuts la collusion entre les médias et le pouvoir. Une rengaine vieille comme l'an mille mais qui a le mérite, à travers des exemples savamment choisis, de nous interpeller sur ce que l'on voit et entend à longueur d'antenne. Et c'est édifiant. 


Grâce à l'appui d'intervenants que l'on voit rarement à la télévision, le duo passe à la moulinette de nombreux faits qui vont bien évidemment dans le sens de leur démonstration. On apprend notamment que de nombreux journalistes exercent des "ménages", qu'ils sont grassement payés pour la présentation d'un séminaire d'entreprise où la création d'une nouvelle start-up.  Activité peu ou pas assumée, Balbastre et Kergoat en dénichent bien d'autres. Ils pointent les renoncements successifs de Michel Field ou Philippe Val, démontent le faux pluralisme en décryptant l'ahurissant jeu de chaises musicales entre les patrons des grands médias, brocardent les avis des experts qui passent d'une chaîne à l'autre pour servir le même discours en se trompant parfois lourdement ou bien les oppositions de facade entre deux chroniqueurs supposés d'avis divergents à travers un très amusant montage de leurs répliques. 

C'est une dissection en règle du système réalisée dans un esprit militant parfaitement assumé. Même si le pamphlet se prive de toute nuance, son analyse fait mouche. Et révèle ce que l'on ne dit pas, à savoir que la société médiatique est certes dépendante du pouvoir mais surtout dépendante d'elle-même. Tous ses acteurs viennent finalement d'un même milieu avec leurs us et coutumes et ont comme priorité majeure la défense et la sauvegarde de leurs privilèges. A plusieurs reprises, Balbastre et Kergoat utilisent, comme un running gag, les arrivées de diverses personnalités de l'élite médiatico-politique se réunissant au Siècle, une sorte de club de rencontres très confidentiel dans lequel les connivences et les échanges de bons procédés prennent toute leur place. On ne peut s'empêcher de rire jaune face à ce spectacle d'une classe dirigeante très orgueilleuse de son pouvoir. Si l'on ne partage pas toujours les convictions de nos deux empêcheurs de tourner en rond et que l'on peut légitiment émettre quelques réserves sur le propos parfois réducteur, voilà un film qui nous divertit avec humour tout en nous interrogeant sur une question essentielle : les blogs ne seraient-ils pas la dernière terre d'indépendance ? 

Antoine Jullien

* Le film est adapté du livre de Serge Halimi Les nouveaux chiens de garde (Liber-Raisons d'agir, 1997)

mardi 10 janvier 2012

Le combat contre la précarité

UNE VIE MEILLEURE / LOUISE WIMMER

Deux films cette semaine nous parlent de la précarité. De manière différente, Cédric Kahn et Cyril Mennegun nous confrontent à cette délicate actualité.


Cédric Kahn aime varier les univers. Après les atermoiements amoureux des Regrets et la déambulation alcoolique de Feux Rouges, il s'intéresse à la vie de jeunes gens, Yann et Nadia, qui veulent ouvrir un restaurant en région parisienne. Mais suite à des problèmes de sécurité non conforme, le restaurant ne peut pas ouvrir et le couple se retrouve plongé dans une problématique financière qui semble inexorable. Résignée, Nadia part travailler au Canada, laissant son fils, Sliman, seul avec Yann. Après des débuts chaotiques, Yann va apprendre à vivre avec le jeune garçon pour se diriger, peut-être, vers une vie meilleure.

Le titre est un astucieux pied de nez à l'histoire que nous raconte Cédric Kahn. Cette vie meilleure, Yann y croit au début mais va voir ses illusions mourir dans le tombeau de la précarité. Avec un acharnement presque inconscient, le jeune homme va se battre contre l'adversité et la société qui ne fait pas grand chose pour l'aider. Mais Cédric Kahn ne tombe jamais dans la victimisation, il a eu l'intelligence de faire du personnage de Yann un être en partie responsable de sa propre débâcle qui essaye d'entraîner ses proches avec lui. Même si elle traduit une sorte d'abandon, la réaction de Nadia semble d'abord menée par un instinct de survie. L'amour est alors sacrifié sur l'autel de la réalité économique d'aujourd'hui que le réalisateur ne cesse de documenter. D'une paire de chaussures à 100 euros que vole Sliman à la crêpe Nutella à 2,50 euros que Nadia ne peut pas payer, les détails du quotidien font mouche et interpellent directement le spectateur. De même que cette manière très juste de déjouer les clichés sur les protagonistes qui gravitent autour du couple. Ni l'assistante sociale qui secoue Bruno suite à ses inconséquences ni le "voleur de sommeil", salaud à la gueule d'ange (Abraham Belaga, une révélation), ne sont des coupables ou des empêcheurs de tourner en rond, seulement les pions d'un système.

A la fois thriller social nourri d'une réelle tension dramatique et mélodrame sur l'apprentissage de soi-même, le film bénéficie de surprenantes ruptures de ton. Guillaume Canet, qui trouve sans conteste le meilleur rôle de son inégale carrière, a cette force de conviction et cette fragilité qui habitent son personnage. Sa relation avec Sliman, conflictuelle, deviendra apaisée lors d'une étonnante et drolatique séquence de pêche. A partir de cet instant, les deux êtres n'auront qu'un objectif : retrouver Nadia, le seul personnage un peu sacrifié de l'histoire. Cédric Kahn décide de ne pas sombrer dans la désespérance et veut encore y croire. Nous aussi.



DVD et Blu-Ray disponibles chez France Télévisions Distribution.



Un acteur est parfois tellement la chair d'un film que son personnage et lui ne font qu'un surtout lorsque son visage nous était inconnu. Après Louise Wimmer, inutile de dire que le nom de Corinne Masiero est sérieusement ancré dans notre mémoire. Sidérante révélation, elle électrise de sa présence rageuse un film beau et digne. 

Nina Simone accompagne Louise dès les premières minutes. Un choix musical judicieux car la tonalité de la chanson, Sinnerman, renvoie à sa détresse. Sans rien révéler de la réalité dans laquelle elle vit, dormant dans sa voiture et prenant de l'essence dans les réservoirs des camions, elle mène son combat en silence. Un silence obstiné qui révèle pourtant une personnalité forte, peu aimable. Comment l'être lorsqu'on ne veut pas vous accorder un logement que vous demandez depuis des mois ? Que le système est résolu à ne rien faire pour vous ?

La caméra de Cyril Mennegun dont c'est le premier long métrage colle au corps de Corinne Masiero, filmant avec une pudeur discrète les épreuves qu'endure Louise, sans apitoiement ni misérabilisme. Avec une fierté qui pourrait devenir un piège, elle ne baisse pas les bras, comptant sur un entourage plutôt bienveillant. Le cinéaste a eu raison de ne pas donner d'explications sur le basculement de Louise, tombée du jour au lendemain dans la grande précarité. Une scène suffit à imaginer ce qu'elle était auparavant : dans une maison où elle fait le ménage, elle revêt une robe noire et se maquille. Son apparence change tout à coup et dégage un vrai pouvoir de séduction. Comme Cédric Kahn, Cyril Mennegun veut croire en une nouvelle chance, un nouveau départ. La séquence finale, filmée presque comme dans un conte, illumine définitivement ce magnifique portrait de femme.

Antoine Jullien 


mardi 3 janvier 2012

L'année 2011

Les rituels sont immuables et les images cinématographiques de 2011 sont encore dans nos têtes. Afin que vous puissiez réaliser votre TOP 10 des films de l'année écoulée, voici un aperçu, tout à fait subjectif, des temps forts de 2011.


LES 10 SCENES CLEFS

Le baiser langoureux entre Ryan Gosling et Carey Mulligan suivi d'un bain de sang 
dans DRIVE de Nicolas Winding Refn


La séquence d'ouverture d'ESSENTIAL KILLING de Jerzy Skolimowski


La dispute des deux époux face au juge filmée en un magistral plan séquence 
dans UNE SEPARATION d'Asghar Farhadi


L'ahurissant coup de théâtre au milieu du récit de LA PIEL QUE HABITO de Pedro Almodovar


Hugo faisant tomber la valise de Georges Méliès qui laisse échapper les dessins de tous ses films 
dans HUGO CABRET de Martin Scorsese


La séquence de l'autopsie d'IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE de Nuri Bilge Ceylan


Le renoncement du pape dans HABEMUS PAPAM de Nanni Moretti


Jean Dujardin imaginant l'arrivée du parlant dans THE ARTIST de Michel Hazanavicius


La fin du monde selon Lars Von Trier dans MELANCHOLIA


La saisissante révélation finale d'INCENDIES de Dennis Villeneuve



LES DEUX ACTEURS DE L'ANNEE

Michael Fassbender dans SHAME et A DANGEROUS METHOD 







L'ACTRICE DE L'ANNEE

Tilda Swinton dans WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsey


LE CASTING DE L'ANNEE

Tous les interprètes d'UNE SEPARATION


LA REVELATION

DONOMA de Djinn Carrénard


LE RETOUR EN GRÂCE INESPERE

Wim Wenders avec son magnifique PINA


LE GRAND FILM POLITIQUE QUE L'ON ATTENDAIT PLUS

L'EXERCICE DE L'ETAT de Pierre Schoeller


LE FILM LE PLUS SENSORIEL

THE TREE OF LIFE de Terrence Malick


LE FILM LE PLUS MANIPULATEUR

POLISSE de Maïwenn


LA PLUS BELLE SURPRISE 

Le troublant TOMBOY de Céline Sciamma


LE REALISATEUR QUI CONFOND ESBROUFE ET TALENT

Darren Aronofsky et son lourdingue BLACK SWAN


LE FILM LE PLUS SYNCOPE



LE FILM LE PLUS ANXIOGENE

CONTAGION de Steven Sodebergh


LE FILM LE PLUS DEMESURE

BALADA TRISTE d'Alex de la Iglesia


L'ADAPTATION MIRACULEUSEMENT REUSSIE



LES PLUS BEAUX HOMMAGES

Martin Scorsese à Georges Méliès dans HUGO CABRET


Michel Hazavanicius au cinéma muet dans THE ARTIST

J.J. Abrams à Steven Spielberg dans SUPER 8


LE PLUS GRAND DELIRE CRITIQUE

LA GUERRE EST DECLAREE de Valérie Donzelli


LE FILM FAUSSEMENT SYMPATHIQUE

LE HAVRE d'Aki Kaurismäki


LE RATAGE INTEGRAL

LE MOINE de Dominik Moll



LE FILM LE PLUS SIMENONIEN

AVANT L'AUBE de Raphaël Jacoulot


LE FILM LE PLUS RENVERSANT

LA PIEL QUE HABITO de Pedro Almodovar


LA MISE EN SCENE LA PLUS ELECTRIQUE

DRIVE de Nicolas Winding Refn


LE REALISATEUR QUI DEVRAIT ARRÊTER DE TOURNER 

Luc BESSON et sa mièvre LADY 


LE COMEDIEN LE PLUS TRANSFORMISTE

Sean Penn dans THIS MUST BE THE PLACE de Paolo Sorrentino


LE PLUS MAUVAIS CONCOURS DE GRIMACES

Keira Knightley dans A DANGEROUS METHOD de David Cronenberg


L'ACTEUR/CHANTEUR QUI A BIEN DU MAL A ARTICULER

Benjamin BIOLAY dans POURQUOI TU PLEURES ? de Katia Lewkowicz


LA MEILLEURE IMITATION DE MICHAEL CAINE

Steve Coogan et Rob Brydon dans THE TRIP de Michael Winterbottom


LA MEILLEURE PERFORMANCE CANINE 

Cosmo dans BEGINNERS et Uggy dans THE ARTIST



LE FILM QUI REUSSIT LE PRODIGE DE VOUS INTERESSER AU BASEBALL

LE STRATEGE de Bennett Miller


LE FILM LE PLUS SADIQUE

J'AI RENCONTRE LE DIABLE de Kim Jee-woon


LE POLAR COUP DE POING

ANIMAL KINGDOM de David Michôd


LA PLUS BELLE DECOUVERTE

WINTER'S BONE de Debra Granik


LE FILM LE PLUS EMMERDANT MAIS C'EST MAL VU DE LE DIRE

L'ETRANGE AFFAIRE ANGELICA de Manoel de Oliveira


LE FILM LE PLUS CONSTERNANT

MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapisch


LE FILM LE PLUS LAID TOURNE AVEC UNE VIEILLE HI8

JEANNE CAPTIVE de Philippe Ramos


LA MEILLEURE UTILISATION DE LA 3D

LA GROTTE DES RÊVES PERDUS de Werner Herzog


LE SUCCES UN CHOUÏA EXAGERE

INTOUCHABLES d'Olivier Nakache et Eric Tolédano


LE PLUS BEAU PLAN

Le long travelling latéral de Michael Fassbender en train de faire son jogging dans les rues de New York dans SHAME de Steve McQueen 



RETROUVEZ LES PALMARES 2010 et 2009.