mardi 10 février 2015

Jupiter : le destin de l'univers

 
Repoussé de sept mois pour (officiellement) peaufiner ses effets spéciaux, Jupiter : le destin de l’univers réalisé par Andy et Lana Wachowski est enfin dans nos cinémas. Chose étrange, ce space opera porté par Channing Tatum et Mila Kunis sort en catimini, hors de la saison habituelle des blockbusters (mai-août ou novembre-décembre) et sur un parc d’à peine 400 écrans. Certes, les Wachowski sont des réalisateurs singuliers dans le paysage hollywoodien mais une telle irrégularité spatio-temporelle invite à une extrême prudence au moment de visionner la première superproduction de l’année avec ses 175 millions de dollars de budget. Alors flop intergalactique ou nouvelle étoile au panthéon de la SF ?

L’histoire, pas vraiment originale, suit les aventures de Jupiter Jones (Mila Kunis), une jeune femme de ménage à la vie monotone qui passe son temps à récurer les toilettes d’un palace de Chicago jusqu’au jour où des chasseurs de primes extraterrestres tentent de l’éliminer. Secourue in extremis par Cain Wise (Channing Tatum), soldat mi-homme mi-loup au passé plus que brumeux, elle se retrouve au cœur d’une lutte fratricide entre souverains intergalactiques dont l’enjeu n’est autre que la survie de l’espèce humaine. 

 Channing Tatum et Mila Kunis

Jupiter : le destin de l’univers n’est pas un mauvais film mais le duo à qui l’on doit la trilogie Matrix peine à rendre accessible un univers extrêmement riche dans lequel les complots politiques plombent un scénario qui aurait mérité plus de simplicité, à l’image de Star Wars ou Avatar. Alourdi par un casting bankable qui dessert les ambitions du film et où trône l'insipide Mila Kunis, le long métrage ne réussit jamais vraiment à emmener son spectateur vers les étoiles, malgré une créativité de tous les instants.

Car contrairement aux grosses productions actuelles, Andy et Lana Wachowski puisent dans un imaginaire riche et diversifié pour tenter de rendre leur univers crédible et envoûtant. Même si l’on peut leur reprocher une surenchère graphique poussant parfois à l’orgie picturale ou à la ringardise numérique, c’est surtout la générosité du duo qui provoque l’admiration. Ainsi, les décors, les costumes, les intrigues rappellent, en vrac, l’Égypte Antique, l’Empire romain, le Moyen Âge ou bien encore la Renaissance, comme si Jupiter Ascending (le titre original) était une parfaite synthèse de dix mille années d’Histoire. Sans oublier les citations assumées au Dune avorté de Jodorowski, au Brazil de Terry Gilliam, à Cendrillon, au Magicien d’Oz… Un vrai régal pour les yeux et l’imaginaire.


Malgré toutes ses qualités techniques indéniables (réalisation, effets spéciaux, musique), Jupiter : le Destin de l’univers souffre d’un trop-plein de bonnes intentions difficilement encastrables en deux petites heures de grand spectacle. À l’image de John Carter qui souffre globalement des mêmes symptômes, il est difficile d’imaginer une suite à cette hypothétique franchise. Car, en ouvrant une année riche en superproductions nostalgiques (Star Wars 7, Jurassic World, Terminator Genisys, Mad Max : Fury Road), le dernier rejeton de la fratrie Wachowski devrait se planter dans les grandes largeurs alors qu’il est sans doute le seul blockbuster réellement ambitieux de 2015. Les super-héros pantouflards peuvent dormir sur leurs deux oreilles…

Alexandre Robinne

Etats-Unis - 2h07
Réalisation et Scénario : Andy et Lana Wachowski
Avec : Mila Kunis (Jupiter Jones), Channing Tatum (Cain Wise), Sean Bean (Stinger Apini), Eddie Redmayne (Balem Abrasax).


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