mardi 25 août 2015

Antigang


Avec trois films au compteur, Benjamin Rocher commence à se construire une carrière atypique dans le paysage audiovisuel français. Après avoir découpé du zombie à la machette avec son compère Yannick Dahan dans La Horde en 2010, on pouvait s’attendre à ce que le réalisateur poursuive dans ce registre. Ce qu’il fit ! En mettant les morts-vivants au foot et en recrutant Alban Lenoir dans le diptyque Goal of the Dead (réalisé avec Thierry Poiraud), la sauce devint plus légère et relevée avec une touche d’humour très intéressante. Cette fois-ci, Rocher sort l’artillerie lourde, embauche Jean Reno et Thierry Neuvic pour flinguer du gangster dans un remake de The Sweeney, film anglais un peu terne sorti directement en DVD il y a deux ans. Tout ceci ne sent pas forcément très bon quand on parle de cinéma français mais un miracle est toujours possible. D’autant plus qu’Alban Lenoir est de nouveau de la partie…

Antigang suit une brigade de flics aux méthodes peu orthodoxes, menée par un vieux de la vieille nommé Serge Buren (Jean Reno). Alors que cette petite escouade est menacée de disparition par leur nouveau patron Becker (Thierry Neuvic), des braqueurs s’attaquent à une bijouterie parisienne, laissant le cadavre d’une jeune femme derrière eux. Épaulé par Cartier, son fils spirituel (Alban Lenoir), Buren et son équipe vont devoir redoubler d’effort pour mettre hors d’état de nuire ces impitoyables truands.

Jean Reno et Alban Lenoir

Même si la séquence d’ouverture musclée et assez drôle lance bien les débats, l’exposition d’Antigang nous laisse sceptiques. Entre un Jean Reno toujours aussi charismatique mais commençant très sérieusement à sentir le poids de l’âge (les déplacements deviennent laborieux), et un scénario ressemblant à un copier/coller du film original, difficile d’être totalement emballé par la proposition. Sauf qu’au milieu se dresse Alban Lenoir. Avec sa petite gueule de jeune premier, son physique à toute épreuve et son humour hérité des séries Hero Corp et Lazy Company, l’acteur insuffle un véritable vent de fraicheur au film, au point de voler la vedette à son illustre partenaire. Les rôles secondaires tirent aussi leur épingle du jeu grâce à l’attention que leur porte Benjamin Rocher qui évite d’en faire des clones interchangeables noyés dans la masse. C’est ainsi que l’on retrouve Sébastien Lalanne au look de hard-rockeur défonçant ses adversaires à coup de bélier, Oumar Diaw en nouvelle recrue bizutée pour l’éternité ou encore Sabrina Ouazani en femme enceinte tirant sur toutes les clopes qu’elle peut trouver.

Une fois le premier acte terminé, l’histoire prend son rythme de croisière. La violence pointe le bout de son nez ensanglanté et les différentes intrigues se nouent pour mieux piéger le spectateur dans une montagne russe émotionnelle. Benjamin Rocher réussit à mélanger action, comédie et drame dans un cocktail de rires et de larmes savamment dosé, tout en refusant de tomber dans le piège du premier degré. On oubliera les quelques faiblesses techniques du film (des incohérences parfois grossières, un festival de couleurs sans logique apparente dans les séquences de nuit et l’aspect parfois brouillon de certains combats) pour n’en garder que l’essentiel : la jubilation d’être devant un pur divertissement décomplexé. La preuve qu’avec un peu de courage et beaucoup de passion, le cinéma français peut aussi accoucher de ce genre de films…

Alexandre Robinne

France -  1h30
Réalisation : Benjamin Rocher - Scénario : François Loubeyre et Tristan Schulman 
Avec : Jean Reno (Buren), Alban Lenoir (Cartier), Caterina Murino (Margaux), Thierry Neuvic (Becker). 



Disponible en DVD et Blu-Ray chez M6 Vidéo.

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