vendredi 29 janvier 2016

Césars et Oscars 2016


LES PALMARES - Mise à jour le 29 février

Enfin ! Après quatre tentatives infructueuses, Leonardo DiCaprio remporte l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance extrême dans The Revenant. Une consécration qui salue une carrière exemplaire jalonnée de collaborations avec les meilleurs cinéastes en activité (Scorsese, Eastwood, Spielberg, Tarantino, Nolan...). Le comédien partage son sacre avec Alejandro Gonzalez Iñárritu qui devient le troisième réalisateur de l'histoire à remporter la statuette deux années consécutives après John Ford et Joseph Mankiewicz. On aurait préféré que l'académie soit plus audacieuse en couronnant George Miller et son tonitruant Mad Max : Fury Road qui décroche tout de même six Oscars techniques.

Leonardo DiCaprio, Oscar du meilleur acteur pour The Revenant

Mais on est ravi que l'excellent Spotlight obtienne l'Oscar du meilleur film et du meilleur scénario original, ce qui n'a pas du faire très plaisir au Vatican ! Le génial Vice-Versa remporte logiquement celui du meilleur film d'animation, Le Fils de Saul remporte l'Oscar du film étranger au détriment de Mustang et Ennio Morricone décroche son premier Oscar à 87 ans pour la musique des Huit Salopards. La vraie surprise vient de la statuette remportée par Mark Rylance dans la catégorie meilleur acteur dans un second rôle pour Le Pont des Espions. Si le comédien britannique est remarquable dans le film de Steven Spielberg, il est vraiment regrettable de ne pas avoir récompensé Sylvester Stallone pour Creed : L'Héritage de Rocky Balboa. Un Oscar qui aurait couronné l'acteur et son personnage mythique mais aussi un film qui a été snobé par l'académie et qui est l'objet d'une vive polémique autour de l'absence de personnalités noires parmi les nommés. Les nouvelles règles qui régiront bientôt les Oscars (plus grande présence des femmes et des minorités) sont donc les bienvenues !

88ème Oscars : 

Meilleur Film : Spotlight de Tom McCarthy
Meilleur Réalisateur : Alejandro Gonzalez Iñárritu (The Revenant)
Meilleur Acteur : Leonardo DiCaprio (The Revenant)
Meilleure Actrice : Brie Larson (Room)
Meilleur Acteur dans un Second Rôle : Mark Rylance (Le Pont des Espions)
Meilleure Actrice dans un Second Rôle : Alicia Vikander (Danish Girl)
Meilleur Scénario Original : Josh Singer et Tom McCarthy (Spotlight)
Meilleure Adaptation : Charles Randolph et Adam McKay (The Big Short)
Meilleure Musique : Ennio Morricone (Les Huit Salopards)
Meilleure Photographie : Emmanuel Lubezki (The Revenant)
Meilleurs Décors, Costumes, Maquillage, Montage, Montage Son, Mixage Son : Mad Max : Fury Road 
Meilleure Effets Visuels : Ex Machina
Meilleur Film d'Animation : Vice-Versa de Pete Docter
Meilleur Film Etranger : Le Fils de Saul de Lazlo Nemes
Meilleur Documentaire : Amy d'Asif Kapadia


Catherine Frot, César de la meilleure actrice pour Marguerite

Si par son abattage, Florence Foresti a légèrement réveillé une cérémonie des Césars aussi convenue que les précédentes, le palmarès, lui, est discutable. En couronnant Fatima du César du meilleur film, les votants ont plébiscité une œuvre juste sur le quotidien d'une femme de ménage algérienne mais politiquement rassurante, à l'opposé du précédent film de Philippe Faucon, La Désintégration. Arnaud Desplechin remporte le César du meilleur réalisateur pour Trois souvenirs de ma jeunesse, un prix qui a du ravir les critiques distingués qui en avaient fait le chef d’œuvre de l'année. Libre à nous de trouver le film trop littéraire et truffaldien. Il serait temps que l'alpha et l'oméga du cinéma français ne se résume pas à la Nouvelle Vague.

Deux acteurs sont enfin récompensés par "les professionnels de la profession". Après son couronnement cannois, Vincent Lindon remporte son premier César, mérité, pour La Loi du Marché de Stéphane Brizé. Catherine Frot est elle aussi distinguée pour son interprétation tragicomique de Marguerite de Xavier Giannoli qui remporte également trois Césars techniques. Quatre trophées couronnent l'enthousiasmant Mustang de Deniz Gamze Ergüven dont ceux du meilleur premier film et du meilleur scénario original. Et deux acteurs que l'on aime bien sont récompensés dans la catégorie second rôle, la formidable Sidse Babett Knudsen, alias Birgit Nyborg, pour L'Hermine et Benoît Magimel, admirable dans La Tête Haute.

L'absence remarquée d'acteurs et d'actrices d'envergure (Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Vincent Cassel, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Jean-Pierre Bacri, Maïwenn...) qui ont préféré faire autre chose ce soir-là, pose question. Les Césars seraient-ils passés de mode ?

41ème Césars : 

Meilleur Film : Fatima de Philippe Faucon
Meilleur Réalisateur : Arnaud Desplechin (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Meilleur Acteur : Vincent Lindon (La Loi du Marché)
Meilleure Actrice : Catherine Frot (Marguerite)
Meilleur Acteur dans un Second Rôle : Benoît Magimel (La Tête Haute)
Meilleure Actrice dans un Second Rôle: Sidse Babett Knudsen (L'Hermine)
Meilleur Espoir Masculin : Rod Paradot (La Tête Haute)
Meilleur Espoir Féminin : Zita Hanrot (Fatima)
Meilleure Premier Film : Mustang de Deniz Gamze Ergüven
Meilleur Scénario Original : Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour (Mustang)
Meilleure Adaptation : Philippe Faucon (Fatima)
Meilleure Musique : Warren Ellis (Mustang)
Meilleure Photographie : Christophe Offenstein (Valley of Love)
Meilleurs Décors, Costumes et Son : Marguerite
Meilleur Montage : Mustang
Meilleure Film d'animation : Le Petit Prince de Mark Osborne
Meilleur Documentaire : Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent
Meilleur Film Étranger : Birdman d'Alejandro Gonzalez Iñárritu


LES NOMINATIONS

Les traditionnelles nominations des principales cérémonies de remise de prix sont tombées et son cortège de favoris comme d'oubliés est encore une fois légion. 

Marguerite de Xavier Giannoli décroche 11 nominations aux Césars

Concernant la grand messe du cinéma français que l'on espère moins soporifique que l'an passé, le drôlement bouleversant Marguerite de Xavier Giannoli arrive en tête des Césars avec 11 nominations, à égalité avec le film d'Arnaud Despleschin, Trois souvenirs de ma jeunesse, dont le romantisme désuet ne nous a pas séduit, à l'inverse de la grande majorité des critiques. Desplechin est un habitué des Césars sans avoir jamais été récompensé, à contrario de l’indétrônable Jacques Audiard qui voit son Dheepan, le film le plus bancal de son auteur, glaner 9 nominations. Comme au festival de Cannes, certains cinéastes semblent avoir leur carte de membre qu'ils renouvellent à chaque fois, et peu importe que ce soit pour des œuvres mineures.

Outre Marguerite, la plus belle satisfaction vient des 9 nominations accordées à l'enthousiasmant Mustang de Deniz Gamze Ergüven qui représentera la France aux prochains Oscars et qui pourrait bien tout rafler au théâtre du Châtelet le 26 février. On est également content pour Emmanuelle Bercot qui décroche 7 nominations pour La Tête Haute malgré une hiérarchisation curieuse des acteurs (Deneuve nommée meilleure actrice, Magimel second rôle ??). La réalisatrice est aussi présente dans la catégorie meilleure actrice pour son rôle dans Mon Roi de Maïwenn qui décroche 8 citations. Un choix qui ne peut se justifier que par un intense et fructueux copinage.

Côté acteurs, Vincent Lindon, le grand favori, ne devrait pas voir son premier César lui échapper grâce à La loi du marché de Stéphane Brizé. On espère que Catherine Frot sera elle aussi enfin couronnée pour sa magnifique interprétation de Marguerite mais Loubda Abidar dans Much Loved pourrait également décrocher la statuette dorée, elle qui a été victime d'une ignoble campagne de dénigrement au Maroc suivie d'une agression et qui est depuis réfugiée en France. Un César qui aurait une évidente portée politique. 

Comme un Avion de Bruno Podalydès, le grand oublié des Césars

Parmi les (rares) bonnes surprises, signalons les 2 nominations (premier film et adaptation) accordées à L'Affaire SK1 de Frédéric Tellier et celle du meilleur film d'animation au formidable Avril et le Monde Truqué. Quant aux absences (Maryland, Réalité, 300 Hommes), la plus injustifiable est bien sûr celle de Bruno Podalydès pour Comme un Avion. Que l'un des films les plus euphorisant, libre et singulier du cinéma français soit ainsi écarté ne grandit pas les membres de cette très sage académie. 

The Revenant obtient 12 nominations aux Oscars

Les 88èmes Oscars verront peut-être à nouveau le sacre d'Alejandro Gonzalez Iñárritu, un an tout juste après les 4 oscars remportés pour Birdman. The Revenant arrive en effet en tête des nominations avec 12 citations dont celle du meilleur acteur pour Leonardo DiCaprio qui devrait, sauf énorme surprise, remporter enfin sa première statuette. L'acteur s'est tellement investi dans ce personnage de trappeur assoiffé de vengeance, endurant des conditions de tournage difficiles et un cinéaste exigeant, que son absence au palmarès serait vue comme une cabale. Les votants ne devraient pas s'y risquer. 

Des votants qui ont été une fois n'est pas coutume audacieux en distinguant le dantesque Mad Max : Fury Road avec 10 nominations. On aimerait tant que George Miller vienne chercher son prix du meilleur réalisateur, lui qui a signé une œuvre survoltée et visionnaire, le grand choc visuel de 2015. Parmi les films de cinéastes de renom, le très moyen Seul sur Mars de Ridley Scott obtient 7 nominations tandis que l'académique Pont des Espions de Steven Spielberg en décroche 6. Le cinéma indépendant n'est pas en reste grâce à l'excellent Spotlight de Tom McCarthy qui obtient 6 nominations majeures ainsi que Carol de Todd Haynes (5 citations) et la surprise Room de Lenny Abrahmson (3 nominations) qui pourrait valoir à la jeune Brie Larson l'Oscar de la meilleure actrice à moins que Charlotte Rampling ne la coiffe au poteau pour le drame 45 ans, la première nomination de sa carrière !

On pourra tout de même ergoter sur la grotesque distinction établie entre les comédiens d'un même film. Ainsi, Eddie Redmayne, auréolé l'année dernière pour Une merveilleuse histoire du temps, est nommé dans la catégorie meilleur acteur pour son rôle de transsexuel dans Danish Girl alors que sa partenaire, l'excellente Alicia Vikander, doit se contenter du meilleur second rôle. Et la réciproque est vraie pour les deux comédiennes de Carol, Cate Blanchett et Rooney Mara, cette dernière, prix d'interprétation au festival de Cannes, est reléguée comme second rôle alors que l'histoire du film est racontée de son point de vue. 

Sylvester Stallone pourrait remporter son premier Oscar grâce à Creed - L'Héritage de Rocky Balboa

Pixar devrait en toute logique remporter un 8ème Oscar du film d'animation pour le merveilleux Vice-Versa et il est fort probable qu'Adam McKay décroche l'Oscar de la meilleure adaptation pour son corrosif The Big Short - Le Casse du siècle.  Dans les regrets, citons l'absence de Sicario de Denis Villeneuve, une fois encore snobé après son excellent Prisoners, et celle du scénariste Aaron Sorkin pour son brillant script de Steve Jobs.

Enfin, on serait heureux que, quarante ans après l'avènement de Rocky, Sylverster Stallone remporte son premier Oscar pour ce personnage si emblématique de sa carrière, réincarné de manière drôle et poignante dans Creed - L'Héritage de Rocky Balboa.

Réponse dans la nuit du 28 février au Kodak Theatre de Los Angeles.

Antoine Jullien

41ème Cérémonie des Césars le 26 février
88ème Cérémonie des Oscars le 28 février 

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