jeudi 30 juin 2016

Le professeur de violon


La musique adoucit les mœurs. Ce fameux proverbe trouve parfaitement sa place dans Le Professeur de violon de Sérgio Machado. Le réalisateur brésilien, fils de musiciens, s'est inspiré d'une histoire vraie, adaptant la pièce Acorda Brasil d'Antônio Ermírio de Moraes. Passionné par son sujet, Machado a pris des cours d'histoire de la musique et est allé jusqu'à suivre des leçons de violoncelle pendant douze mois pour se mettre dans la peau d'un étudiant. Un travail préparatoire qui a manifestement payé, le cinéaste ayant réussi à déceler la note juste, sans pathos ni sensiblerie. 

Laerte, talentueux violoniste, rêve depuis toujours d'intégrer l'Orchestre symphonique de São Paulo. Dévoré par le trac, il échoue toujours à l'audition. Il accepte alors, un peu à contrecœur, d'enseigner la musique à des jeunes d'Héliopolis, la plus grande favela de la ville. Après des débuts difficiles, il va finir par tisser des liens très forts avec ses élèves et remarquer des talents inespérés. 


C'est un double récit d'apprentissage, vécu autant par les élèves qui vont, grâce à leur professeur, découvrir un univers musical qu'ils ne soupçonnaient pas, que par l'enseignant qui va lui aussi connaître un épanouissement personnel à leur contact. Le réalisateur aurait pu l'orchestrer de manière trop évidente mais il réussit à accorder ses personnages dans une juste harmonie, menacée par le milieu qui les entoure. Car Héliopolis est au cœur des trafics où les gangs font la loi. Sérgio Machado parvient à tisser un arrière-plan social convaincant, miné par les inégalités et sans cesse au bord de l'explosion, dans lequel il est très périlleux de suivre la bonne voie.

On pourra bien sûr ergoter sur un scénario trop schématique qui veut nous amener vers un but bien précis, celui de la réconciliation (convenue). Pour ce faire, le cinéaste utilise quelques ficelles mélodramatiques un peu appuyées. Mais le pouvoir de la musique finit par tout emporter sur son passage, et on est d'autant plus séduit que le réalisateur ose un mélange des genre risqué, entre le rap et la musique classique. Par ces temps ombragés, voilà un film qui fait du bien et qui devrait parler à un large public. Bravo ! 

Antoine Jullien

Brésil - 1h40
Réalisation :  Sérgio Machado - Scénario : Maria Adélaide Amaral, Sérgio Machado, Marcelo Gomes, Marta Nehring d'après Antônio Ermírio de Moraes
Avec : Lázaro Ramos (Laerte), Kaique de Jesus (Samuel), Elzio Vieira (VR), Sandra Corveloni (Alzira).

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