mardi 20 décembre 2011

Box office 2011


La fin d'année est le moment propice pour dresser un bilan des tendances de 2011 et scruter les succès et les échecs qui se sont multipliés ces dernières semaines. 

Selon les chiffres publiés par le CNC, la fréquentation, après avoir connu une baisse au premier trimestre, connaît une hausse constante depuis le mois de juin. Sur les onze premiers mois de l'année, elle est passée de 187 millions de spectateurs en 2010 à plus de 191 millions en 2011. La part de marché des films français est estimée à 40 % sur cette même période (contre 36,5 % entre janvier et novembre 2010) et celle des films américains à 47,3 %.


Le cinéma français en pente douce 

Notre cinéma hexagonal se porte donc plutôt bien grâce à deux mastodontes qui ont à eux seuls réunis plus de 20 millions d'entrées. Rien à déclarer de Dany Boon a totalisé 8,150 millions de spectateurs, soit trois fois moins que les Cht'is mais suffisamment pour s'arroger la deuxième place du box office 2011. Le grand gagnant est bien sûr Intouchables, qui, en franchissant la barre des 14 millions de spectateurs, devient le 4ème plus gros succès français de tous les temps et devrait d'ici peu dépasser Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre. Un succès incroyable qui se confirme de semaine en semaine et qui laisse pantois (voir le billet d'humeur Intouchable).


De nombreux films français présentés et primés lors du dernier festival de Cannes ont trouvé les faveurs du public : Polisse (2 300 000 entrées), The Artist (1 500 000), La guerre est déclarée (850 000) et L'Exercice de l'état (plus de 400 000 entrées). D'autres, moins attendus, ont su tirer leur épingle du jeu comme Les femmes du 6ème étage (2 200 000 entrées) Case Départ (1 800 000) et le surprenant Tomboy (300 000). Quant à la guéguerre entre La Guerre des boutons d'un côté et La Nouvelle Guerre des boutons de l'autre, c'est presque un match nul : 1 450 000 entrées pour le premier contre 1 540 000 entrées pour le second.


Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. De nombreux longs métrages français ont bu la tasse, à moyenne ou grande échelle. En l'espace de quelques semaines, c'est toute une génération d'acteurs-réalisateurs abonnés aux succès qui ont connu des échecs cuisants. Jean-Jacques Annaud subit avec Or Noir une nouvelle catastrophe industrielle (200 000 entrées), quatre ans après le bide mémorable de Sa Majesté Minor. Luc Besson, en s'attaquant à un sujet "adulte" dans The Lady, s'y est cassé les dents, connaissant le plus gros revers de sa carrière (400 000 entrées au compteur). Christian Clavier, lui, vient de faire une croix définitive sur sa carrière de comique et de réalisateur avec le flop monstrueux d'On ne choisit pas sa famille (350 000 entrées). Des personnalités qui semblent avoir fait leur temps, totalement déconnectées du cinéma actuel. Un revers qu'a subi également Mathieu Kassovitz, auteur pourtant d'un retour remarqué avec L'ordre et la morale qui n'a pas su attirer le public (150 000 entrées). Les échecs sont parfois injustes.


Au rang des bides retentissants, on peut citer également Philibert (60 000 entrées), The Prodigies (150 000), La ligne droite (80 000), R.I.F. (200 000) Le Moine (180 000) Les biens-aimés (250 000) ou Poulet aux prunes (250 000). Un bilan qui témoigne de la place fragile de notre cinéma national qui, dans le top 20 des plus gros succès de 2011, aligne seulement quatre longs métrages (Intouchables, Rien à déclarer, Polisse et Les femmes du 6ème étage).


Le cinéma yankee toujours leader 

Le cinéma américain est en bonne forme, confirmant ses franchises à succès : Harry Potter et les reliques de la mort - 2ème partie (6 500 000 entrées), Pirates des caraïbes : La fontaine de jouvence ( 4 700 000), Twilight - Chapitre 4 (plus de 3 500 000), La Planète des singes - Origines (3 200 000), Transformers 3 (2 600 000) et Fast and Furious 5 (2 500 000). Cela n'a pas empêché certains blockbusters de se rétamer comme Green Lantern (à peine 800 000 entrées) et Cowboys & Envahisseurs (900 000). 

L'animation, en revanche, a été un peu à la peine, aucun film à ce jour ne dépassant les 3 millions d'entrées. Cars 2 a déçu les attentes tout comme Rio et Rango qui n'ont pas atteint les scores escomptés. Quant à Tintin, son démarrage exceptionnel laissait augurer d'une carrière plus flamboyante mais ses 5 300  000 spectateurs font présager d'une suite.


Les grands auteurs ont toujours l'attention du public. Minuit à Paris est l'un des plus gros succès de Woody Allen en France (1 740 000 entrées) et Clint Eastwood séduit toujours autant (1 900 000 entrées pour Au-delà). Palme d'Or du festival de Cannes, The Tree of life a réussi à populariser Terrence Malick malgré une oeuvre quasi expérimentale (860 000 entrées). A la vue de son médiocre démarrage, Martin Scorsese ne devrait, lui, pas être à la fête avec Hugo Cabret qui ne rejoindra pas les derniers succès du réalisateur. Les plus jeunes générations de cinéastes ont également attirer le public, à voir les cartons de Black Swan de Darren Aronofsky (2 600 000 entrées) et du Discours d'un roi de Tom Hooper (3 000 000), le joli succès de Super 8 de J.J. Abrams (1 500 000) et l'intérêt manifeste pour Drive du danois Nicolas Winding Refn (1 500 000).



Les Européens retrouvent des couleurs 

Le cinéma européen, justement, a connu des fortunes diverses mais plusieurs de ses grands cinéastes ont reconquis le public. Melancholia de Lars Von Trier (400 000 spectateurs) est le plus gros succès du réalisateur depuis Dancer in the Dark. Avec Habemus Papam (700 000 entrées), Nanni Moretti retrouve également les faveurs du public. Pedro Almodovar, lui, connaît un léger décrochage mais sa Piel Que Habito, insuffisamment soutenue par la critique, pouvait dérouter (700 000 spectateurs tout de même). Grâce à Pina, Wim Wenders a connu un regain d'intérêt inespéré (plus de 300 000 entrées), prouvant, après Buena Vista Social Club, que le genre documentaire lui réussi.


Mais le plus beau succès de cette année est sans conteste Une Séparation. Si le public français s'intéresse toujours aux cinématographies du monde entier (en témoigne le beau succès d'Il était une fois en Anatolie qui approche les 100 000 entrées), le triomphe du film d'Asghar Fahradi, plus de 900 000 entrées cumulées, a pris tout le monde de cours. La force qui s'en dégage, la puissance de la mise en scène et de l'interprétation ont touché les spectateurs qui lui ont accordé un magnifique accueil. Une exception, certes, mais qui redonne espoir en un cinéma exigeant et accessible qui a de plus en plus de difficultés à exister. Son succès est le plus beau cadeau de Noël que l'on pouvait espérer. 

Antoine Jullien

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire