dimanche 22 mai 2016

Mon Cinématographe à Cannes - Les derniers films de la compétition



La compétition se termine un peu péniblement avec la présentation du nouveau film de Sean Penn. Les ricanements entendus dès le générique d'ouverture laissaient craindre le pire mais on imaginait pas que le réalisateur d'Into The Wild soit capable de commettre un tel ratage. The Last Face est un navet très embarrassant dans lequel sont embarqués les pauvres Javier Bardem et Charlize Theron qui interprètent des médecins humanitaires dans une Afrique en proie au chaos. 

The Last Face de Sean Penn

Mal dirigés, ils semblent totalement égarés et sans doute vaguement consternés devant l’accumulation de clichés déversée par le réalisateur, noyée dans une esthétique grossière du plus mauvais effet. Le long métrage regorge également de moments involontairement drôles et de répliques pas possibles déclamées par un Jean Reno des très mauvais jours. Sean Penn aurait du s'abstenir de venir sur la Croisette, récoltant les plus gros quolibets de ce festival. 

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn

Le réalisateur Nicolas Winding Refn poursuit dans sa veine expérimentale en proposant un film d'horreur, The Neon Demon, sur l'ascension fulgurante d'une jeune mannequin à Los Angeles. Elle va devoir affronter la concurrence de ses rivales et la férocité d'un milieu impitoyable. 

On ne peut pas nier le talent plastique du réalisateur de Drive, créateur d'images mentales assez stupéfiantes. Mais sa vision cauchemardesque du monde de la mode tourne à vide et son formalisme obsessionnel finit par irriter. George Miller, le président du Jury, pourrait toutefois ne pas être insensible à cette radicalité qui a profondément divisé les festivaliers. 

La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit

La révélation de ce festival est venue de la section Un certain Regard avec le film d'animation La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit, connu jusqu'à présent pour ses courts métrages. L'histoire d'un naufragé sur une île déserte, entouré d'oiseaux, de crabes et de tortues. 

Le film, dépourvu du moindre dialogue, évoque le cycle de la vie de manière poétique, avec une grâce folle, et bénéficie d'un superbe travail d'animation où se mélange la 3D et le dessin au fusain. Une œuvre émouvante et mystérieuse à découvrir d'urgence dans les salles dès le 29 juin.

Elle de Paul Verhoeven

Heureusement, le festival s'achève sur une bonne note grâce à Paul Verhoeven qui réussit un thriller particulièrement tordu et jouissif, Elle, adapté d'un roman de Philippe Djian. On en reparlera plus longuement lors de sa sortie le 25 mai mais on peut d'ores et déjà affirmer qu'Isabelle Huppert trouve ici l'un de ses meilleurs rôles. 

Verhoeven sauve donc une compétition décevante où les grands auteurs n'auront fait que balbutier, répétant les mêmes motifs sans les renouveler, et les petits nouveaux plutôt avares en stimulantes propositions de cinéma. Un choix cornélien s'annonce donc pour le jury tant cette sélection n'a pas délivré de grands films indiscutables et indiscutés. 

Antoine Jullien

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