samedi 21 mai 2016

Mon Cinématographe à Cannes : Mungiu brille, Dolan décline



La compétition vit sa dernière ligne droite et Cristian Mungiu vient de la faire soudainement monter d'un cran avec la présentation de Baccalauréat. Le réalisateur, lauréat de la Palme d'Or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, raconte l'histoire d'un médecin qui a mis tout en œuvre pour que sa fille soit acceptée dans une prestigieuse université anglaise. Elle doit pour cela accomplir une dernière formalité : passer son bac. Mais elle est brutalement agressée et le précieux sésame devient soudain inaccessible. 

Baccalauréat de Cristian Mungiu

On est une fois encore frappé par l'acuité du regard de Cristian Mungiu qui à aucun moment ne juge ses protagonistes. Il filme des petites compromissions, en apparence anodines, qui vont avoir des répercussions importantes sur le personnage et ses proches. Le cinéaste évoque finement le libre arbitre et nos intentions parfois louables qui peuvent se retourner contre soi, au milieu d'une intense zone de gris. Mungiu offre également un portrait différent de la Roumanie, moins désespéré, où la jeunesse veut lutter contre les démons de la corruption. On voit mal comment le cinéaste pourrait être absent du palmarès. 

Juste la fin du monde de Xavier Dolan

Deux ans après le triomphe cannois de Mommy qui lui avait valu le prix du jury et un grand succès public, Xavier Dolan redescend d'une marche avec son adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, qui réunit un casting tricolore impressionnant : Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Nathalie Baye et Gaspar Ulliel se débattent dans un règlement de comptes familial qui voit un homme revenir auprès des siens après douze ans d'absence pour leur annoncer sa mort prochaine. 

Le film n'a pas la puissance émotionnelle de Mommy même si Xavier Dolan a l'intelligence de ne pas le surcharger de son style tellement identifiable. Mais on ne s'attache pas véritablement aux personnages et l'on ne comprend pas certains choix du cinéaste, comme le look extravagant de Nathalie Baye. Même s'il recèle de beaux moments, le film ne parvient pas à nous emporter, nous laissant un peu sur notre faim. Il aura sans doute droit à une deuxième chance lors de sa sortie en salles prévue le 21 septembre. 

Antoine Jullien

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